“Publiez, et soyez damnée !”
(Duc de Wellington)
Le duc de Wellington (1769 – 1852, en pied ci-dessous), surnommé le duc de fer – c’est lui qui a mis fin aux espoirs de Napoléon à Waterloo – était né en Irlande, d’une famille de colons anglais partie y faire fortune. Il refusait cependant d’être considéré comme Irlandais, rétorquant que naître dans une écurie ne suffit pas à faire un cheval !
Ce duc avait une petite faiblesse pour les femmes. Une ancienne maîtresse, devenue une maîtresse-chanteuse redoutable, avait exigé une coquette somme pour ne pas parler de lui dans ses mémoires. Le duc n’était pas du genre à se laisser impressionner et a répondu tout de suite avec une répartie devenue célèbre : « Publiez et soyez damnée ». Dommage pour le duc, même si le ridicule ne tue pas, les révélations de cette dame lui ont valu quelques mauvaises années !…
La question de la liberté de la Presse ne date pas donc d’aujourd’hui, mais existe depuis déjà des lustres. Regardons ensemble ce qu’elle est devenue.
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Phonétiquement proches, mais sans le moindre rapport étymologique, les mots leabhar livre, et leor, abondance, nous donnent une bonne occasion d’enrichir notre vocabulaire. ‘Go leor’ a été adoptée par la langue anglaise, re-orthographiée en ‘galore’.
Gaélique : go leor [go lore]
Anglais galore [galore]
Français: (à) gogo [go-go]
À partir de leor nous pouvons construire quelques phrases utiles :
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Bien avant le duc de Wellington, il y avait d’autres Irlandais tout aussi farouchement défenseurs de la liberté de la presse. Par exemple Saint Colmcille (521 à 597), célèbre moine ayant fondé d’illustres monastères en Irlande et en Écosse. C’était avant l’invention de l’imprimerie, les livres étaient copiés à la main, et Saint Comcile était un copiste renommé. Lors d’un séjour dans un monastère, il découvre un très bel exemplaire d’une Bible, jalousement gardée par les moines. En secret, Saint Comcile sortait la nuit de sa cellule pour la copier : manque de bol, il s’est fait épingler. Une guerre inter-monastique peu édifiante s’est alors déclarée, les moines armés se battant entre eux. L’affaire a été portée devant les tribunaux et Saint Colmcille a perdu. La décision judiciaire a été immortalisée dans la célèbre phrase suivante :
Le gach bó a gamhain agus le gach leabhar a macleabhar.
[le gok bo a gaoine augusse le gok laoueur a mak-laoueur]
À chaque vache son veau, à chaque livre sa copie
À noter dans la phrase ci-dessus, l’emploi du mot macleabhar, mot à mot, fils du livre, alors que le mot gaélique habituel pour copie est cóip.
Voyons maintenant quelques mots dérivés de leabhar, livre :
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Tandis que páipéar est le mot habituel pour journal, il existe aussi le mot nuachtán [nouaktåne]du mot nua [nua] nouveau. Du même mot nous avons nuacht [nouak] nouvelles, qui donne son nom aux émissions d’informations à la radio et à la télévision irlandaise.
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Terminons avec une petite lecture médicale
Gáire maith is codladh fada, an dhá leigheas is fearr i leabhar an dochtúra.
[gohira maï isse cola fada, one gå layeus isse far e laoueur one doctura]
rire bien et dormir long, les deux remèdes meilleurs dans (le) livre du médecin
Beaucoup rire et bien dormir, [sont] les deux meilleurs remèdes du livre du médecin