Fadó Fadó !
En Gaélique : Il était une fois, il y a bien longtemps
Ainsi commence tout conte en bon gaélique.
Bienvenu dans le monde merveilleux des contes irlandais !
Des récits merveilleux dont certaines origines remontent à plus de deux mille ans.
On y trouve tout, les joies et les problématiques de la condition humaine universelle, mais aussi les dynamiques et les bouleversements d’une société celte et païenne en pleine transformation suite au contact avec l’Europe Chrétienne du Vème siècle.
On voit plusieurs sources, plusieurs strastes à cette tapisserie de contes et légendes.
1.
Préchrétien
Deux grandes cycles.
- Le cycle Mythologique : Mis par écrit à partir du Xème siècle.
Le grand héros : Cú Chullainn
La grande saga : Le Táin.
- Le cycle des Fianna : Transmis oralement depuis plus de mille ans.
Le grand héros : Fionn Mac Chumaill et sa bande de guerriers, na Fianna
Ces contes irlandais ont inspiré quelques célèbres contes européens, notamment la légende du Roi Artur et des chevaliers de la Table Ronde ainsi que la triste histoire de Tristan et Iseult, légende dans laquelle l’héroïne est d’ailleurs restée une princesse irlandaise.
Chrétien
Ici on rentre dans l’ère historique, mélangeant parfois les exploits des premiers saints irlandais avec les dieux celtes des druides.
1.1
LE CYCLE MYTHOLIQUE
Cú Chullainn et le Táin
Cú Chullainn (le chien de chasse de Cullann) est le héros principal du Táin (la razzia). Mis par écrit tardivement au Xème siècle par les moines de l’Ulster, dans le nord de l’Irlande, la saga est considérée par les universitaires comme une fenêtre par laquelle on peut découvrir les enjeux et les croyances des celtes irlandais de l’âge de fer. On y trouve tout ! Dieux et demi-dieux, sorcellerie, intrigues, complots, courage et cruauté. Impossible de résumer en quelques mots, mais en gros disons que les Irlandais de l’Ouest, de la province de Connaught, sont des « méchants », surtout leur reine, la très cruelle Maeve, qui entre autre, avait l’habitude de remplacer son mari tous les ans. Les « gentils » sont les gens du Nord, de la province d’Ulster. Confrontés à l’invasion des hommes de l’ouest, de la province de Connaught, ils ont tous été rendus incapables de sortir se battre, affligés en masse par une maladie, résultat d’un sort pour avoir tué une femme enceinte. Il ne reste que le jeune guerrier Cú Chullainn qui sauve l’Ulster en se battant tout seul pendant des semaines et jusqu’à la mort contre l’armée de Connaught.
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Les Enfants de Lir
L’histoire associe la mythologie préchrétienne, l’époque des dieux et demi-dieux de la Tuatha Dé Danann (le peuple de la déesse Dana) et les débuts du christianisme.
Un roi des Tuatha Dé Danann devenu veuf prend une nouvelle femme, celle-ci déteste les enfants de son mari et finit par les transformer en cygnes qui doivent passer 900 ans sur les lacs d’Irlande, une vie dure, exposée au froid et aux intempéries. L’histoire termine à l’arrivée des premiers chrétiens en Irlande. En entendant les cloches d’un moine, les cygnes se font baptiser et reprennent alors leur forme humaine. Devenus néanmoins extrêmement vieux ils peuvent mourir en paix. L’image est très forte et a été reprise à l’indépendance de l’Irlande. Après des siècles d’occupation anglaise, l’Irlande, comme les cygnes, a repris sa liberté.
1.2
LE CYCLE DES FIANNA
Fionn Mac Cumhail
Grand héros des contes irlandais. Beaucoup d’éléments sont issus de la mythologie mais les événements se passent à une époque où l’Irlande est attaquée par les Scandinaves, (na Lochlannigh), on y voit les futurs Vikings. Fionn et sa bande de guerriers (les Fianna) passent leur temps à réparer les torts et les injustices ainsi qu’à défendre l’ Irlande contre les Lochlannaigh et le Roi du Monde (Rí an Domhain). Bien entendu Ils ont aussi le temps pour la chasse, la fête et les intrigues. Nous trouvons ici l’inspiration irlandaise des légendes du Roi Artur et des chevaliers de la Table Ronde. Fionn commence bien, héros incontesté, mais dans sa vieillesse il s’avère cruel et manquant de jugement. Notamment il veut prendre comme épouse la jeune Gráinne, mais celle-ci préfère le jeune Diarmaid. Les deux amants s’enfuient et Fionn les poursuit à travers toute l’Irlande. Des années plus tard Fionn parvient à tuer Diarmaid. Ce conte a captivé l’imagination de l’Europe du Moyen Âge et a inspiré le récit de Trsitan et Yseult.
Oisín et Tir na nÓg.
Oisín et le pays de la jeunesse éternelle.
Oisín est le petit fils de Fionn. Lors d’une sortie de chasse il tombe éperdument amoureux d’une femme montée sur un cheval blanc, Niamh aux cheveux dorés. Il part avec elle et passe des années chez elle au Tir na nÓg, le pays de la Jeunesse. Ses amis en Irlande commencent à lui manquer, malgré les protestations de Niamh, il rentre au pays. Il ignore que 300 ans ont passé. Sa famille et ses amis ne sont plus et l’Irlande est devenue chrétienne. Il tombe de son cheval et en touchant le sol d’Irlande il vieillit de 300 ans. Il rencontre Saint Patrick et avant de mourir lui raconte les exploits de son grand père Fionn et de ses guerriers (les Fianna).
2.
L’ÈRE CHRÉTIEN
1.
Saint Patrick ( 385 – 461)
Fête le 17 mars
Le Saint Patron de l’Irlande. Il était probablement gaulois.
Nous ne savons pas où Patrick est né mais beaucoup d’indices dans sa propre autobiographe ( La Confession) laisse supposer qu’il est né en Gaule. Adolescent, il est enlevé par des pirates irlandais et passe une dizaine d’années comme esclave en Irlande où il apprend la langue gaélique. Il finit par s’évader et par rentrer en France. Il fait alors des études au monastère de l’île Lérins en Provence. Dans un rêve il entend l’appel des Irlandais et revient en Irlande comme évêque missionnaire et convertit de son vivant une grande partie des Irlandais. Nous connaissons le Patrick historique par ses propres écrits. Par la suite s’est ajouté tout un corpus de légendes pour l’associer aux lieux sacrés Irlandais, notamment la montagne sacrée de Croagh Patrick et l’île sacrée de Lough Derg, aujourd’hui encore lieux de pèlerinage. Fait assez étrange, il n’y a pas de serpents en Irlande, facile à expliquer, Saint Patrick les aurait tous chassés du pays ! Adversaire redoutable des druides, Patrick aimait les provoquer ainsi lors de la fameuse fête de Pâques où il alluma le feu pascal sur la colline sacrée de Slane avant celui du roi et des druides. Fin pédagogue, on lui doit un des plus célèbres symboles d’Irlande, le shamrock, le fameux trèfle à trois feuilles. Patrick a utilisé cette image pour expliquer la Trinité aux nouveaux convertis. Trois feuilles une seule plante, trois personnes en un seul Dieu. Aujourd’hui encore les Irlandais portent avec fierté le shamrock le jour de la fête de Saint Patrick, le 17 mars.
2.
Sainte Brigitte ( 451 – 525)
Fête le 1er février
Sainte Patronne d’Irlande. Nous connaissons la Brigitte historique par les monastères qu’elle a fondés. Par la suite s’est ajoutée une série de récits, de miracles et de dévotions probablement empruntés à une déesse celte qui portait le même nom. La sainte irlandaise est à l’origine de la croix qui porte son nom, la croix de sainte Brigitte, une simple croix faite en roseaux qu’on trouve partout en Irlande pour protéger maisons et bâtiments.
3.
Saint Breandán (484 -577)
Fête le 16 mai
Moine navigateur de renom. Non content d’avoir fait, avec son bateau, le tour des pays celtes, il découvre le premier l’Amérique bien avant les Vikings et les Espagnols. Vous en doutez ? En 1978 un enthousiaste reprend le récit du voyage de saint Breandán (Le Navigatio) et recrée un bateau traditionnel irlandais de l’époque, en bois et en cuire, et parvient à faire la traversée de l’Atlantique. Oui, les moines irlandais du VIème siècle auraient pu faire l’exploit !
Les contes des irlandais en France.
Les moines irlandais des VIème et VIIème siècles ne sont pas tous restés en Irlande. Beaucoup sont venus en France mérovingienne et les légendes se sont créées autour d’eux et de leurs œuvres. Pourquoi venir en France ? L’Irlande s’est convertie très rapidement et très paisiblement, aucune persécution. Il manquait des martyrs dits « rouges ». Les premiers moines se sont retirés dans les forêts pour se faire martyrs dit « verts ». Cependant leur quête de solitude et de renoncement fut de courte durée car très vite leurs monastères et ermitages devinrent des centres prospères et très fréquentés. Donc l’idée du martyr dit « blanc » c’est- à- dire quitter l’Irlande où la vie était devenue trop facile pour s’exiler dans des contrées lointaines où la vie était beucoup plus rude, l’Europe continentale et la France !
4.
Saint Rónán,
(VIème siècle)
Fête le 1 juin
Venu s’installer en Bretagne Armorique, il se fait ermite et devient rapidement connu pour sa sainteté, son hospitalité et ses miracles. Aujourd’hui fêté à Locronan, le lieu de Rónán.
5.
Saint Fiacre
(VIème siècle)
Fête le 30 août
Il a quitté son pays insulaire pour s’installer dans le pays de Brie où il fit de nombreux miracles. Aujourd’hui il est le saint patron de jardiniers.
6.
Saint Gobain
(VIIème siècle)
Fête le 20 juin.
Venu en France, il a donné son nom à la ville qui s’est fondée plus tard autour de son monastère et par la suite à la société française qui porte toujours son nom.
LE SAVIEZ-VOUS
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1
Halloween
Halloween est à l’origine une fête irlandaise. La fête de Samhain.
Mais attention, rien à voir avec la version américaine d’aujourd’hui, avec ses squelettes, ses vampires, citrouilles, chauves-souris et sang.
A l’origine c’était la fête de Samhain, aujourd’hui encore le nom gaélique du mois de Novembre.
La fête elle-même a lieu la nuit du 31 Octobre, c’est le moment où les morts peuvent sortir de leur palais souterrains et visiter le monde des vivants. Les morts sont beaux, bienveillants et habillés en princes et princesses. Quant à la citrouille, celle-ci ne pousse pas en Irlande ! On utilise des navets pour sculpter des têtes, facile à faire, à l’intérieur desquelles on met des bougies. A savoir aussi que le navet irlandais est 4 fois plus gros que son cousin français !
2.
La Banshee
Du gaélique Bean Sí, femme fée, elle se retrouve dans les contes irlandais, typiquement c’est une veille femme qui annonce des catastrophes.
3.
Le Leprechaun
Le Leprechaun, petit lutin, grande barbe, habillé du style du XIXème siècle, veste, pantalon et chapeau haut de forme, le tout en vert. Son caractère est difficile, égoïste et trompeur. Typiquement on le trouve tout seul avec sa marmite pleine de pièces en or, qu’il est censé donner à la personne qui le capture. Et voilà le drame. Comment capturer un leprechaun ? D’abord il faut tomber dessus, ensuite, et très important, il ne faut pas le quitter des yeux. Et c’est là où le Leprechaun est spécialement habile, il connait toutes les astuces et distractions nécessaires pour que son ravisseur ait un moment d’inattention, et boum, le Leprechaun disparait.
Aujourd’hui l’image du Leprechaun est très présente dans les souvenirs touristiques et lors de certaines fêtes irlandaises, mais le petit bonhomme n’a pas une histoire très ancienne, il ne figure pas dans les grands contes et légendes d’Irlande mais a été inventé au XIXème siècle durant l’occupation anglaise. Un caractère volontairement guignol pour représenter et ridiculiser le caractère irlandais.
Si j’en juge par la date de la dernière chronique, il en parait une tous les 4 ans, à peu près la même chose que les jeux olympiques. Brillant !
A quand une légende irlandaise qui raconterait le combat du bien et du mal, avec le Professeur Raoult dans le rôle de Cú Chullainn, et Agnes Buzyn dans le rôle de Maeve ???
un guignol face à une chèvre… quel programme…