LES PRÉNOMS GAÉLIQUES‘On l’appelle Oscar Fingall, est-ce assez grandiose, brumeux, ossianique ?’* Les prénoms gaéliques ont toujours eu un charme, un mystère, une beauté indémodables. Madame Wilde n’a pas été la première à être ensorcelée. L’Irlande gaélique présente un paysage riche en prénoms : il y en a pour tous les goûts. Et cela s’exporte bien aussi. En France, pays des Jacques et des Marie-Pierre, nous constatons aujourd’hui une croissance remarquable et remarquée de prénoms gaéliques : la « Génération Kevin » est parmi nous. Bien que les prénoms gaéliques ne soient pas forcément plus grandioses ni plus brumeux que les autres, ils ont quand même leur caractère et leur histoire. Une histoire qui remonte à plus d’une petite vingtaine de siècles, à la joyeuse époque où toute l’Europe Occidentale résonnait aux sons de trompettes des prénoms celtes. Cette Europe eut à subir quelques petites turbulences : l’arrivée des peuples grecs, latins et germaniques, et, plus catastrophique encore, l’apparition de la Bible, à première vue une collection de 73 livres inoffensifs, mais en réalité une source effrayante et presque inépuisable de prénoms alternatifs. Ne pouvant riposter, les Celtes continentaux se sont retrouvés submergés et dépassés, sauf sur leur île la plus à l’ouest, l’Irlande, où, comme Astérix dans son village breton, ils ont su résister plus longtemps. Cependant, inévitablement, l’Irlande elle même fut submergée. D’abord avec la conversion au christianisme, au Ve siècle, puis quelques siècles plus tard avec les invasions normande et anglaise. Malgré leur insularité les Celtes d’Irlande ont fini par accepter les évolutions et la mode des prénoms du reste de la planète. Aujourd’hui, on peut déceler deux grands courants de prénoms gaéliques d’Irlande. Le premier correspond à ce que les Celtes insulaires ont su faire eux-mêmes, tranquillement installés sur leur île, c’est-à-dire des prénoms orgueilleusement païens du style Gráinne (celle qui terrorise) et Conor (ami des chiens). Le second est la traduction gaélique de prénoms joyeusement bibliques et chrétiens, venus du continent, du style Máire (Marie) et Seán (Jean). Il est à noter dans ce second courant une bonne dose de prénoms français, tellement recyclés à la sauce gaélique que ni les Irlandais ni les Français ne se doutent de leur origine française. Les Français ont déjà, et ce depuis des siècles, l’habitude des prénoms irlandais, même si c’est à leur insu. Les prénoms gaéliques voyagent plutôt bien, mais souvent au prix d’une orthographe peu orthodoxe. On apprécie leur sonorité, leur charme, mais on risque d’être surpris par leur étymologie. C’est toujours un plaisir pour un Celte irlandais d’annoncer à une Muriel française, qui ne soupçonne rien, qu’elle est l’heureuse détentrice d’un prénom gaélique, muir geal, mer blanche. Une Maureen est une « petite Marie ». Les Rónán, généralement mieux informés, savent que leur nom est irlandais mais sont souvent surpris d’apprendre que cela signifie « bébé phoque ». Brigitte Bardot sera contente de le savoir ! Brigitte d’ailleurs aussi est un prénom celte, – on en reparlera. C’est la même chose pour Brian et Oscar, autres prénoms irlandais qui ont trouvé en France une terre d’accueil. Dans les pas de Saint Rónán, beaucoup de moines irlandais sont venus au Ve siècle en Gaule, laissant leurs prénoms dans leur sillage à l’instar de Saint Fiachra (Fiacre), Saint Gobán (Gobain) et Saint Gall. Comme le bon vin, il existe des prénoms gaéliques qui ne voyagent pas bien, tels que « Conor », le gentil monsieur qui aime les chiens, et dont le diminutif, « Con », est considéré comme très mignon dans son pays d’origine ! Pour la petite histoire, malgré leur résonnance celte et leur beauté incontestable, les prénoms Fiona et Gaël ne sont pas des prénoms gaéliques. Fiona a été créé en 1761 par James MacPherson, écrivain écossais et maître des canulars, qui a trompé quasiment toute l’Europe de son vivant et même après, avec ses histoires de Fingal et de son fils Ossian. Même Napoléon et Goethe s’y sont laissés prendre. Gaël et Gaëlle sont quant à eux des prénoms bretons et nullement irlandais, même s’ils font probablement référence au peuple celte, les Gaels, qui s’est installé en Irlande au Ve siècle avant Jésus-Christ, et qui a donné leur nom à la langue gaélique. Ce qui amuse beaucoup les Irlandais à l’étranger, et en l’occurrence dans les pays francophones, c’est le mal que les non-Irlandais ont à prononcer leurs prénoms. Finissons-en donc avec ce petit problème de prononciation, grâce à la phonétique donné avec la liste de prénoms suivante. Nous vous indiquons également l’étymologie et quelques commentaires. Prenez votre passeport pour le monde merveilleux du prénom gaélique !
PRÉNOMS d’ORIGINE PAÏENNE & CELTEDans le premier des deux grands courants, prénoms sortis de l’imagination, des légendes pré- chrétiennes et de l’histoire de l’Irlande, nous trouvons rarement les équivalents français. Certains des prénoms ont été christianisés depuis et nous les retrouvons dans l’hagiographie irlandaise. Un bon exemple est Brigid, Brigitte, signifiant « force et pouvoir », une déesse celte, paneuropéenne et parfaitement païenne. Sur le continent européen elle a survécu à l’invasion romaine, à la conversion chrétienne et aux oublis ingrats de deux mille ans d’Histoire. En Irlande insulaire, elle est allée encore plus loin en se faisant recycler en sainte catholique. Elle est même devenue la Sainte Patronne du pays. Bravo Brigid ! FÉMININ & PAÏEN
MASCULIN & PAÏEN
PRÉNOMS d’ORIGINE CHRÉTIENNELe second grand courant de prénoms gaélique vient des contacts fructueux entre les Irlandais et le monde chrétien. Le premier contact a eu lieu avec la christianisation du pays au Ve siècle et l’arrivé de prénoms bibliques passant par le latin de l’Église Catholique. Ceci fut suivi d’une deuxième vague de prénoms chrétiens au XIIIe siècle, passant par le français des Normands venus occuper une grand partie de l’île. Dans les deux cas, les Irlandais ont su convertir les nouveaux prénoms à la sauce gaélique, parfois en convertissant le même nom deux fois, ce qui donne par exemple deux formes de ‘Jean’ : Eoin au Ve siècle du latin ‘Joannes’ suivi de Seán au 13ème siècle du français ‘Jean’. Les Irlandais ont été spécialement créatifs en convertissant les prénoms des jeunes filles. Du français Catherine ils ont crée quatre prénoms gaéliques, à savoir : Cáit, Caitlín, Caitríona et Tríona. Du prénom Jeanne ils ont su créer Sinéad et Siobhán. Autre particularité, le prénom Marie, celui de la Mère de Dieu. Il était considéré si sacré que le gaélique en a fait deux versions : Muire pour Marie la Mère de Jésus, et Máire pour les autres. Les premiers Irlandais à prendre des noms importés étaient probablement les moines et les religieuses au Ve siècle. Avides de noms bibliques et latins pour entrer pleinement dans leurs nouvelles vies de chrétiens, ils les ont toutefois souvent doté d’un suffixe gaélique pour donner une couleur locale. Un bon exemple est le prénom Colm, du latin Columba, colombe, associé aux mots gaéliques cill (église) et bán (blanc). Ceci nous a donné Colmcille (colombe de l’Église) et Columbán (colombe blanche), deux grands saints du Ve siècle, tous les deux moines missionnaires qui ont quitté leur île natale pour fonder des monastères en dehors de l’Irlande. Colmcille est allé en Écosse où il a fondé le célèbre monastère de l’île d’Iona. Il est considéré avec Saint Patrick et Sainte Brigid comme un des trois saints patrons d’Irlande. Sa fête est le 6 juin. Columbán est parti pour l’Europe continentale, il a vécu une vingtaine d’année en Bourgogne où il a fondé un célèbre monastère à Luxeuil, il est ensuite reparti en Italie, fondant le monastère de Bobbio où il est mort en 615. Sa fête est le 23 novembre.
FÉMININ et CHRÉTIEN
MASCULIN et CHRÉTIEN
Les Saints du JourAussi curieux que cela puisse paraître pour un pays catholique, les Irlandais n’ont pas l’habitude de fêter ceux qui portent le nom du saint du jour. Une exception sera éventuellement faite pour les Patrick, le 17 mars. Bien entendu rien ne vous empêche de souhaiter une bonne fête aux autres Irlandais le jour de leur saint, c’est une belle coutume qui fait défaut sur l’île, autrefois appelé l’Île des Saints et des Savants.
Quelques Adjectifs pour faire plaisir.Parfois on met un adjectif avec le prénom, pour en faire un surnom. Rien n’oblige que ces adjectifs n’accompagnent que les prénoms gaéliques, tout le monde y a droit. Quelques exemples :
à lire :
*Ossianique : de Ossian (ou Oisin), fils de Fin (ou Finn) Mac Cumhaill, lui même héros de récits regroupés sous le nom de Cycle Fenian ou Cycle Ossianique
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les saints , pas de bol, faudra revoir tes classiques.
pour la bretagne : rouge et blanc (gwen a ru)
tot ziens.
c’est Gwen a Dù et non pas Gwen a Eu.