Famille et amis

Famille et amis

‘L’enfer c’est des autres’ disait Jean-Paul Sartre. On peut ajouter que Jean-Paul n’aurait pas fait un très bon mac léinn (étudiant) de gaélique, car un certain optimisme et une ouverture envers les autres sont nécessaires. Dan cette rubrique nous allons étudier la vie sociale et familiale. Espérons que ceci ne s’avérera pas aussi infernal que Monsieur Sartre aurait souhaité nous le faire croire !

‘Ar scáth a chéile a mhaireann na daoine’
[air sca a kela a varenn na dini] ‘Les gens vivent dans l’ombre les uns des autres’

Tout cela pour dire que l’homme est un animal social. Notez bien le mot céile, qui signifie ‘l’un et l’autre’, mot clé que nous allons revoir tout à l’heure quand nous parlerons du mariage.

‘Ní haithne go haontíos’
[ni hatna geu haine-tiosse] ‘Pas de connaissance (de l’autre) avant d’avoir habité avec lui’

Là effectivement ‘Loft Story’ & Cie n’ont nullement enrichi nos intelligences, la sagesse gaélique savait depuis la nuit des temps que c’est en vivant avec les gens que on les connaît mieux, et en premier lieu dans sa propre famille. Le gaélique a trois mots pour désigner la famille. Premièrement le sens large, gaol, qui inclut toute parenté, oncles, tantes, cousins etc.. familleDeuxièmement, ceux qui constituent le même foyer, le teaghlach, ceci correspond plus ou moins à l’idée française de la famille, à savoir père, mère et enfants. Finalement il y a le clann , la collection d’enfants. Le gaélique d’Écosse vient du gaélique d’Irlande, donc quand les Écossais parlent de leurs clans, ex : Clan Campbell, ils parlent effectivement des enfants de Campbell.

gaol [gell] parenté
teaghlach [tchai-loque] membres d’un foyer
clann [clann] les enfants
mac [mac] fils
iníon [inion] fille
máthair [ma-harr] mère
athair [a-harr] père
seanmháthair [chan-wa-harr] grand-mère
seanathair [chan-a-harr] grand père
Nous voyons ci-dessus dans toute sa splendeur le mot mac, fils, l’épine dorsale de tant de noms de famille irlandais et écossais. Notez aussi le préfixe sean [chan] , vieux, dans seanathair, ce qui signifie vieux père. À ne pas confondre avec le prénom Seán [shaune], du français ‘Jean’, ex : Seán Connery. Maintenant étudions d’un peu plus près ce qui se passe entre les frères te les sœurs.

deirfiúr [djer-fur] soeur
deartháir [dra-harr] frère
siúr [sour] sœur (religieuse)
bráthair [bra-harr] frère (religieux)

Une fois entré dans les ordres le gaélique fait preuve d’une imagination admirable pour distinguer les frères et sœurs de sang des frères et sœurs religieux. Au départ il n’y avait que le frère et la sœur de sang, à savoir le bráthair et la deirfiúr. La langue a conservé le mot existant, deirfiúr, pour la sœur de sang, et est partie chercher un nouveau mot pour le nouveau concept de sœur religieuse. Elle n’a pas cherché trop loin , et a emprunté directement le titre donné à une bonne sœur du français des Normands, soeur, par la suite prononcé à la gaélique, siúr, ex : an tSiúr Treasa, sœur Thérèse. En revanche pour les frères le gaélique a fait cadeau au nouveau venu ‘frère religieux’ du mot pour ‘frère de sang’ déjà existant, bráthair. C’était déshabiller Pierre pour habiller Paul, un cas assez rare dans la linguistique ! Ensuite le gaélique a composé un nouveau mot pour ‘frère de sang’, en contractant dearbh bhráthair, mot à mot, ‘vrai frère’, ce qui a donné deartháir.

Maintenant revenons au mot céile [kela]. Admirons la beauté des mots gaéliques, construits à partir des concepts tout simples.

céile [kela] compagnon, l’un l’autre
bean [bann] femme
bean chéile [bann kela] épouse
fear [farr] homme
fear céile [farr kela] mari
cara [kara] ami
cairde [kardja] amis
cairde gaoil [kardja guel] amis et parents

Une fois que l’on a fait le point sur ses cairde gaoil, ses amis et famille, on peut les abandonner ! Regardons la première ligne de la très belle chanson ‘Colmcille na Féile’. Le chanteur a abandonné ses cairde gaoil pour une femme. Manque de bol, elle ne voulait pas de lui. Il pleure sur son triste sort, et commence sa complainte en regrettant le mal qu’il a fait. Ne vous en faites pas, la chanson est en fait plutôt joyeuse, le chanteur s’en remet bien.

‘Oh, mo chairde gaoil a thréig mé,
mar gheall ar mhnaoi is ní fhuair mé í !’
[Oh, meu kardja guel a treg mé
mar yaoule air voui isse ni eur mé í]
‘Ô, j’ai trahi mes amis et ma famille,
pour une femme que je n’ai pas obtenue !’

 

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Dernière mise à jour : dimanche 25 mars 2007
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