LA JEUNE FILLE AU PAIR IRLANDAISEDans l’esprit de toute personne normalement constituée l’arrivée d’Automne signifie deux choses, les vendanges et le débarquement de la nouvelle promotion de jeunes filles au pairs irlandaises. Commençons donc tout de suite par apprendre comment aborder une jeune fille au pair. ‘Fáilte chuig an Fhrainc !’ Le mot en gaélique pour jeune fille au pair est, comme dans la plupart des langues, le mot français, ‘au pair’. Notez bien qu’en Irlande on dit simplement ‘au pair’, on laisse tomber la ‘jeune fille’, qui est sous entendue. Ceci n’est pas sans poser quelques problèmes: on connaît l’histoire vraie de Fiach, qui quitte l’Irlande pour passer deux mois dans une famille française. La famille française fut notablement surprise de découvrir que leur ‘au pair’ était un garçon ! Rien de vraiment étonnant, Fiach est un prénom masculin, mais il fallait s’y connaître en prénoms gaéliques. Bien sûr, il n’y a aucune raison pour qu’il n’y ait pas de garçons au pair, mais c’est vrai qu’ils sont moins nombreux que leurs sœurs. An au pair thú ? Is au pair mé Il y a plus d’un siècle, les filles et les garçons au pair existaient déjà en Irlande, mais il s’agissait d’une version beaucoup plus rude. Le malheureux adolescent, contraint par les circonstances économiques ou ses parents, ou les deux, s’engageait au service de quelqu’un de plus riche, comme valet de ferme ou comme domestique. Il s’agissait d’un engagement pour une période déterminée, généralement un ou deux ans. On les appelait ‘cailín aimsire’, mot à mot ‘fille du temps’, ou ‘buachaill aimsire’, ‘garçon du temps’. Leur vie n’était pas facile, comme nous pouvons lire dans la célèbre autobiographe de Peig Sayers, (Réflexion d’une vielle femme) morte en 1958 à un grand âge, et qui ne s’est jamais remise de sa période ‘cailín aimsire’ à la bonne vielle école gaélique. Cailín au pair Buachaill au pair cailín aimsire buachaill aimsire Heureusement la vie a beaucoup évolué depuis époque de Peig. Et notre cailín aimsire de temps moderne risque de trouver que la vie en France est loin d’être désagréable. Cela dit, il reste quelques petites choses qui risque toujours de lui poser des problèmes. báinne báinne bó báinne úr fíor báinne Commençons par le début, le petit déjeuner du matin. Sachez que les Irlandais boivent du báinne, beaucoup de báinne. Ils le boivent aussi à midi. En fait, ils sont capables de boire du báinne toute la journée. Et quand on dit ‘báinne’, cela veut dire báinne, du vrai, du frais….et surtout pas l’ ersatz vendu en briques, UHT, date d’expiration dans trois ans, etc. Si l’on est gentil, on s’approvisionne bien en báinne pour son cailín aimsire irlandaise, trois litres par jour par cailín aimsire, ça devrait suffire. im salann Continuons avec nos produits laitiers. Tout comme leurs cousins Bretons, pour les Irlandais, il n’y a que le beurre salé. Pour notre cailín aimsire sortie pour la première fois de son île natale, le goût du beurre non salé risque de la traumatiser. À vous de lui expliquer que non, ce n’est pas du im rance, et que les Français mangent vraiment comme cela. Une fois rassuré notre irlandaise va se plonger à cœur joie dans la cuisine française. Que de plaisirs l’attendent, en commençant avec l’humble pomme de terre. práta prátaí práta te práta fuar En France, pays de Parmentier, il existe beaucoup plus de manières de cuisiner le noble tubercule qu’en Irlande. Et c’est ici que votre cailín aimsire va découvrir son bonheur. La France c’est aussi le pays du vin, un petit discours sur le vin ne sera pas hors de propos. fíon fíon dearg fíon bán seomra fíona ‘Sileann fíon fírinne’ Le mot seomra, chambre, vient du français ‘chambre’ des Normands du 13ème siècle, donc pour le gaélique c’est un mot assez récent. Continuons sur le registre étymologique. Il est intéressant de noter que le mot fíon , vin, existe dans la langue gaélique depuis le nuit des temps. Il est notamment attesté dans tous les grands légendes du pays, ou les héros et les rois sont toujours en train de boire du fíon , et pas de la bière. Ceci est d’autant plus remarquable qu’il n’y a pas de vigne en Irlande, tandis que la bière, la cervoise, a toujours été une spécialité des Celtes. Ce qui prouve qu’il y a deux milles ans, avant toute politique de mondialisation, les Irlandais venaient déjà chercher leur fíon en France. Donc à l’époque de Vercingétorix, de Cú Chulainn et de Jules César, on aurait déjà pu entendre hurler sur les collines vertes d’Irlande, le fameux cri ci-dessous ! ‘Tá an ‘beaujolais nouveau’ tagtha !’
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