Que votre Oui soit Oui, que votre Non soit Non

Matthieu, 5:37

Dimanche 29 mai 2005, la France a voté Non, ou en bon gaélique, elle a voté Níl. Cela ne sera pas la première fois qu’un ‘Níl’ français fait avancer positivement les choses en Europe : Victor Hugo, en son temps, a dit ‘Níl’ et Charles de Gaulle aussi a dit ‘Níl’, au moins une fois dans sa vie. ‘Tá’ ou ‘Níl’,’ Oui’ ou ‘Non’, c’était une question de perspective, digne d’une réponse normande, avec beaucoup d’arguments valables des deux côtés. Les mois avant le Référendum ont vu un bon exercice de démocratie, malgré une partialité médiatique qui a discrédité la Presse française en France et à l’étranger. Les journalistes de parti pris auraient peut-être dû s’inspirer du dicton gaélique suivant :

‘Bíonn dhá insint ar scéal agus dhá leagan déag ar amhrán’
[bionne gåo innchunte èr schegeal oguesse gåo laganne djég èr aouråne]
Il y a deux côtés à une histoire et douze versions à une chanson

Quant aux mérites d’une Union, la sagesse gaélique y a également pensé :

‘Ar scáth a chéile a mhaireas na daoine’
[èr skå a héla a ouarasse na diné]
Les gens habitent dans l’ombre de l’un l’autre,

c’est-à-dire, personne n’est une île.

‘Ní neart go cur le chéile’
[ní narte gå keur le héla]
Il n’y a pas de force sans se mettre ensemble

c’est-à-dire ‘l’Union fait la Force’

Constit

La langue irlandaise a-t-elle quelque chose à dire sur la Démocratie ? Déjà l’Irlande possède une Constitution, une Bunreacht, robuste, concise et accessible, une petite merveille de la littérature légaliste gaélique, qui a fait ses preuves depuis bientôt 70 ans. En revanche les technocrates européens ont réussi à écrire quelque chose de monstrueux, de lourd et d’inaccessible sous la présidence d’un futur éternel de l’Académie Française. Vont-ils maintenant profiter de l’occasion pour écrire une Bunreacht qu’un citoyen normalement constitué pourrait lire, et même comprendre ? Là encore la sagesse gaélique a quelques mots de réconfort et d’encouragement à leur dire :

‘Béarfaidh bó éigin lao éigin lá éigin’
[bérfí beau éguine li égine lô éguine]
Une vache quelconque donnera la naissance à un veau quelconque un jour ou autre.

 

Quant à la pratique de la démocratie, qui est une idée plus hellénique que celtique, l’Irlande peut être fière d’avoir toujours été un peu en avance sur ses voisins. Avant l’arrivé des Anglo-Normands au 12ème siècle, l’île n’était un royaume féodal centralisé mais pratiquait déjà une forme de démocratie, bien qu’elle soit limitée aux parents des familles dirigeantes des centaines de petits royaumes. Ce désordre, comble de malchance, a joué contre les Irlandais, les Anglais n’ayant eu qu’à proposer la loi de primogéniture. Cette loi apportée par les normands, où tout allait au premier né fit que, inévitablement, nombre d’aînés dans les familles irlandaises y comprirent leur intérêt et prirent le parti des envahisseurs. En 1918 les irlandaises avaient le droit de voter, et le premier parlement irlandais indépendant de la même année, le premier Dáil, avait des députés femmes et un ministre femme au gouvernement. En 1990 l’Irlande avait une femme Présidente. L’Irlande a aussi donné des Présidents à la République Française, à savoir le Maréchal Maurice de Mac Mahon (1873 –1879) et le Général Charles de Gaulle (1958 – 1969), tous les deux fiers de leurs origines irlandaises. Améliorez vos chances électorales en parlant le gaélique, au cas où il y aurait des futurs présidents parmi nous, quelques termes démocratiques ne seront pas hors de propos,

 

vóta [vota] vote
reacht [rorcht] loi
bun [bôunne] de base
Bunreacht [bôunne-rorcht] Constitution
Airteagal [èr-teagale] article
‘Áirítear gurb ionann na saoránaigh uile i láthair an dlí.’
[èritare goruve un-ine na séråni illa eu lôhère ône dli ] Tout citoyen est égal devant la loi

Airteagal, 40.1, Bunreacht na hÉireann

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