La Fontaine aimait beaucoup les animaux et les insectes, et les a immortalisés dans ses fables. Les poètes gaéliques se sont eux aussi beaucoup inspirés de la même source. Étudions donc quelques mots animaliers, ensuite nous allons voir pour quelques phrases.
bó [beau] vache
tarbh [tarave] taureau
cat [cate] chat
madra [modra] chien
madra rua [modra rua] renard (chien rouge)
caora [caira] mouton
capall [copal] cheval
francach [francoque] rat
frog [frogge] grenouille
ciaróg [kirogge] scarabée
Bó vient du même mot indo européen qui nous donne le français ‘bovin’. Tarbh est également cousin du mot taureau. Le bh à la fin est prononcé v en général, et dans le Donegal, dans le Nord Ouest de l’Irlande, est prononcé o, ce qui nous donne [taro], presque la même prononciation qu’à la française. Ce n’est pas pour rien que l’on dit que les Irlandais sont des latins du Nord. Mais ce n’est pas pour autant que nous allions nous livrer à manger des capall. Ni des frog, d’ailleurs. Fait historique, les Normands venus en Irlande au 13éme siècle ont amené avec eux le grenouille. Auparavant on croyait que, comme pour les serpents, le sol irlandais tuait les grenouilles. Les Chroniques de l’époque parlent de l’inquiétude des Irlandais : les grenouilles ne mouraient pas, c’était un mauvais signe qui voulait dire que les Normands allaient rester. Le mot francach signifie rat, il signifie également français ! Il s’agit d’un malheureux accident étymologique, aucun affront intentionné. Pour mieux ménager les susceptibilités de certains nous pouvons dire luchóg mór,grande souris, plutôt que francach.
‘Nuair a bhíonn an cat amuigh, bíonn an luch ag rince’
[noore a bean one cat amui, bean one luch aigue rinka]
‘Quand le chat n’est pas là, les souris (en gaélique: le souris) dansent’.
« A bhonnáin bhuí, ‘sé mo léan do luí…… »
[ah vonanne vi, chez mo lanne do li…..]
« O butor jaune c’est ma détresse ton coucher…… »
Normal, le pauvre bonnán n’était pas simplement couché, mais mort sur la glace d’un étang gelé. Le poète Cathal Buí Mac Giolla Gunna (1690 – 1756), a décidé que le piaf était mort de soif essayant de casser la glace pour accéder à l’eau en dessous. Dans son esprit tordu à lui la moralité est évidente, il ne veut pas que la même chose lui arrive, donc il faut boire le maximum dans cette vie.
« Vous chantiez ? J’en suis fort aise: Eh bien! Dansez maintenant »
« Ceol? Is breá liom sin a chlos: Dia leat ! Bí ag rince as seo amach.
[Coile? Iss bras lum chine a chlushe: Dia late ! Bi aigue rinca as cho amoque…..]
Effectivement on ne peut pas toujours traduire mot à mot. Le gaélique ci-dessus donne en fait, ‘Musique? Il est beau avec moi ceci à entendre. Que Dieu soit avec toi. Sois dansant à partir de maintenant.’ La Fontaine comprendra et pardonnera ! Continuons avec une autre phrase sur les insectes, cette fois de la tradition gaélique. Mot à mot, un scarabée reconnaîtra un autre scarabée. Charmant n’est-ce pas ?!
‘Aithníonn ciaróg ciaróg eile’
[hatnionne kirogue kirogue ella]
‘Il faut être un pour connaître un autre’ / ‘qui se ressemble s’assemble’
Ci-dessous nous avons le célèbre refrain de ‘An poc ar buile’, le bouc enragé, une chanson gaélique très populaire, à chanter à haute voix et avec beaucoup d’émotion. Déjà nous voyons comment le même mot peut se transformer d’une langue à l’autre, ici en inversant le b pour un p, deux sons qui sont très voisins, le gaélique a su transformer un bouc en un porc. La chanson raconte les aventures d’un homme courageux qui monte sur le dos d’un bouc enragé et ensemble ils partent pour une journée bien remplie semant des dégâts autour de l’Irlande.
Ailliliú puilliliú, ailliliú tá an poc ar buile !
[all a loup, pilla loup, all a loup, ta one poc air builla]
Alléluia puilliliú, alléluia le bouc est enragé
Ar muin na muice !
[air muine na muiqua]
Sur le dos du cochon
Cette fascination pour le dos des animaux continue. Aussi curieux que cela puisse apparaître, être sur le dos d’un cochon signifie avoir de la chance, d’avoir du bol.
Référence :
Fabhalscéalta la Fontaine
Fables de la Fontaine
Traduites par Breandán Ó Doibhlin.
Coiscéim (Maison d’Édition)
Dublin, Irlande 1997