LA CATECHISME EN GAÉLIQUEUn grand événement a récemment enthousiasmé le monde gaélique : quelques 1540 ans après la mort de Saint Patrick, enfin, l’apparition en 2002 du Catéchisme de l’Église Catholique traduit en gaélique. Dans l’histoire des langues, la plupart d’entre elles ont été structurées par la publication des livres religieux majeurs, Bible ou coran, qui les ont aidé à faire face à des nouvelles aventures linguistiques. Donc un catéchisme en gaélique mérite toute notre attention. Bien sûr on a déjà eu des catéchismes en gaélique, mais jamais un si grand, ni si complet, quelques 750 000 mots en gaélique angélique, qui sauveront à la fois votre âme immortelle et votre grammaire mortelle.
Le Caiticiosma na hEaglaise Caitlicí est une traduction directe depuis le français de l’ouvrage original, paru en 1992 et qui a connu, et continue à connaître, un grand succès dans le monde catholique et non catholique. La traduction a pris trois ans et a été réalisée par le Père Breandán Ó Doibhlin, en collaboration avec le Père Anraí Mac Giolla Chomhaill. Le Père Ó Doibhlin n’est pas inconnu en France, étant déjà le traducteur de plusieurs œuvres françaises en gaélique : le Petit Prince de Saint-Exupéry, les Fables de la Fontaine, poètes divers et variés… Il a aussi énormément fait depuis des dizaines d’années pour défendre le Collège des Irlandais à Paris. Ce collège a joué un grand rôle dans l’histoire de la langue gaélique pendant les persécutions anti-catholiques des Anglais. Celles-ci ont duré en gros 200 ans, entre le 17ème et 19ème siècles : à une époque la tête découpée d’un prêtre valait 5 livres. Des générations de prêtres irlandais étaient obligés de venir en Europe continentale pour leurs études, il y a eu jusqu’à 20 collèges irlandais répartis dans toute l’Europe. Le Collège de Paris a toujours été le plus important. Dans la plupart de ces collèges, le gaélique était obligatoire, pour la bonne raison qu’au moment de leur retour en Irlande, les prêtres devraient pouvoir administrer leurs paroisses clandestines dans la langue de leurs paroissiens. Afin de maintenir leur gaélique pendant leurs longues années d’étude sur le sol continental, les étudiants pratiquaient la langue entre eux, en alternance avec le français, le latin et l’anglais. Ils ont également écrit des livres en gaélique, et c’est le Collège des Irlandais à Paris qui en a édité deux des plus connus. Le premier est un catéchisme, An Teagasc Críosduidhe de Andrew Donlevy en 1742, et le deuxième allait devenir le tout premier dictionnaire ‘irlandais-anglais’, le Focalóir Gaoidhilge – Sax-Bhéarla de John O’Brien en 1768, par approbation et privilège royal du Roi de France. Merci beaucoup Louis XV ! Alors, est-ce que la langue gaélique, elle-même vieille de deux millénaires, était prête à véhiculer deux mille ans de pensée catholique ? Bien sûr qui oui, mais il a fallu un peu de travail. Le Père Breandán Ó Doibhlin explique que parfois il lui a fallu chercher, dans les bibliothèques de tous les anciens monastères irlandais continentaux, des mots dans les prières et les écrits de moines irlandais remontant au 8ème siècle. Si les collèges irlandais en Europe continentale ont sauvé la tête des prêtres irlandais au 18ème siècle, ce sont les monastères irlandais en Europe continentale qui ont sauvé au 8ème siècle les livres irlandais des mains des Vikings. La plupart des mots théologiques sont tout à fait courants dans le gaélique d’aujourd’hui. Regardons bien la liste ci-dessous, nous pouvons voir à quel point le gaélique et le français se ressemblent. Rien d’étonnant, les deux langues ont pompé à la même source latine pour parler des choses divines.
Parfois le mot gaélique existait déjà, c’est-à-dire que le païens celtes connaissaient déjà le concept, donc pas besoin d’emprunter au latin. Par exemple : trócaire, miséricorde et Neamh, Ciel. Mais le gaélique a aussi su inventer des nouveaux mots qui illustrent une dynamique tout à fait propre à la langue. Par exemple :
Dans les annexes du Caiticiosma de 2002 les traducteurs nous ont donné un lexique fort utile, gaélique / anglais / français, où le lecteur peut s’instruire facilement. Pour la petite histoire, ce qui manque toujours cruellement à la langue gaélique est un dictionnaire étymologique, curieusement absent malgré deux mille ans. Malheureusement ceci n’est toujours pas une priorité ni pour le gouvernement ni pour les universités d’Irlande. Le Caiticiosma, comme l’original, est découpé en quatre grandes parties, et la démarche est simple et méthodique :
Sans descendre dans les détails de la foi catholique, terminons avec quelques adages de la langue gaélique, pleins de respect pour autrui, et riches du bon sens chrétien.
‘Báist do leanbh féin ar dtús.’ Voilà un argument un peu jésuite : on peut attendre jusqu’à dernier moment pour faire repentance. Bon, démarche peut-être un peu risqué, on ne choisit pas toujours le moment où l’on quitte sa selle !
Références Collège des Irlandais Paris & Irish Studies Ireland of the Proverb |
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